La Défense dans le Pacte vert européen
La Région Nouvelle-Aquitaine a accueilli le 24 janvier 2023 à Bordeaux une conférence européenne consacrée aux enjeux du développement durable appliqués aux industries de défense.
Une armée, notamment en temps de guerre, se doit d’être performante; c’est une priorité. Mais la performance des équipements militaires est-elle conciliable avec les objectifs de développement durable affichés dans le Green Deal européen ou dans la feuille de route régionale NeoTerra?
La conférence européenne "Towards a Greener Defence: the Challenge of Sustainable Development for European Defence Industries", organisée à Bordeaux, a réuni près de 90 participants de France, Norvège, Italie, Slovénie, Allemagne, Grèce, Danemark, Finlande, etc. pour tenter de répondre à cette interrogation.
Après que le Général de brigade aérienne Julien Sabéné, Chef d’état-major du Commandement des forces aériennes, a partagé ses réflexions sur le sens du développement durable pour les forces armées, trois tables-rondes étaient organisées. Des représentants d’industriels français et européens (PME, ETI et grands groupes), des académiques, les porte-parole d’initiatives néo-aquitaines telles que Aerocampus Aquitaine ou Tarmaq, et des représentants du Ministère des Armées et de l’Agence européenne de Défense ont échangé sur le cycle de vie et la circularité dans le domaine de la défense, sur les enjeux énergétiques pour les armées et sur l’attractivité et les besoins de compétences du secteur.
Plusieurs intervenants ont rappelé que les enjeux de développement durable n’étaient pas opposés aux spécificités des industries de défense et que leur prise en compte n’était pas récente, même si elle s’est accélérée ces dernières années. Au niveau français par exemple, une Stratégie énergétique de défense et une Stratégie Climat & Défense ont été adoptées par le Ministère des Armées respectivement en 2020 et 2022. D’autre part, les entreprises et représentants d’industriels ont présenté des projets d’innovation visant à réduire la consommation d’énergie ou à travailler sur le cycle de vie des produits: travaux sur la commande publique des armées, projet de traitement des déchets par oxydation hydrothermale, approvisionnement en énergie renouvelable des bases militaires, utilisation de carburants alternatifs durables pour réduire la consommation de kérosène, projets de stockage d’hydrogène et de batteries adaptés aux besoins des militaires, etc. Plusieurs intervenants ont insisté sur le fait que les exigences environnementales ne constituaient pas forcément des contraintes, mais qu’il était nécessaire de les considérer comme des opportunités de développer des produits ou services avec de nouvelles fonctionnalités utiles à la Défense.
La troisième table-ronde est revenue un peu plus en détails sur les questions d’attractivité des entreprises de défense. Les entreprises de défense rencontrant des difficultés de recrutement ont conscience qu’il est nécessaire de communiquer davantage, notamment sur les travaux engagés pour réduire leur empreinte carbone. Des initiatives régionales comme Aerocampus Aquitaine ou Tarmaq constituent également des réponses à ces enjeux d’éducation, de sensibilisation et de communication.
Faisant écho au Plan d’action de la Commission européenne (Voir IE du 1er mars 2021), les participants ont rappelé tout au long de l’évènement l’importance des synergies entre les innovations civiles et les innovations dans le domaine de la défense.
La DG DEFIS (Industries de l’Espace et de la Défense) de la Commission européenne a également présenté les opportunités de financement du Fonds européen de Défense. En 2021 et 2022, une enveloppe de 153 millions d’euros a été allouée à des projets spécifiquement liés à l’énergie et à la transition environnementale. Il est prévu que minimum 5% du Fonds européen de Défense soit alloué à ces thématiques jusqu’en 2027, fin de la programmation.
Cette conférence était co-organisée dans le cadre du réseau européen des régions de défense (ENDR), par la DG DEFIS de la Commission européenne, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, ainsi que les acteurs néo-aquitains actifs dans le domaine de la défense: les pôles de compétitivité Aerospace Valley, AlphaRLH et Pôle européen de la Céramique, Aerocampus Aquitaine, la Cité des Savoirs Tarmaq, l’Agence régionale d’innovation, l’Université de Bordeaux et la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.