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La Nouvelle-Aquitaine et la Hesse fêtent 60 ans de relation franco-allemande à Bruxelles

Le 24 octobre, les régions partenaires de Nouvelle-Aquitaine et de Hesse ont organisé une conférence sur les "60 ans du Traité de l’Elysée : quels défis pour l’amitié franco-allemande dans un monde en constante mutation ?", dans leurs locaux communs situés au cœur de la capitale européenne. 

Environ 250 personnes ont assisté au débat entre Pascale Joannin, Directrice générale de la Fondation Robert Schuman, et Jacob Ross, Chargé de recherche au Centre Alfred von Oppenheim pour l’Avenir de l’Europe, du Conseil allemand pour les relations étrangères. Les échanges ont été introduits par Uwe Becker, Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes du Land de Hesse, puis animés par Karl de Meyer, correspondant du journal Les Echos à Bruxelles. 

Pour Pascale Joannin, si la relation franco-allemande traverse une crise sérieuse, ce n’est pas la première et la mobilisation de tous les moyens de dialogue devrait permettre de la surmonter. Elle a souligné les différences politiques entre les deux pays et la présence d’une coalition inhabituelle au pouvoir en Allemagne. Selon elle, les deux principaux dossiers problématiques sont liés à la guerre en Ukraine. D’une part, en matière énergétique, deux options très différentes sont sur la table : l’Allemagne mise uniquement sur les renouvelables et est sortie du nucléaire, qui est au contraire le choix promu par la France. D’autre part, les différences dans le domaine de la défense sont très nettes. Jacob Ross a poursuivi sur ce point en rappelant qu’en France, les soldats sont habitués à partir, notamment vers le continent africain, ce dont la population française a conscience. Ce n’est pas du tout le cas en Allemagne, qui suit et compte davantage sur l’OTAN et les Etats-Unis pour assurer sa sécurité extérieure. 

Faisant référence à un titre du journal The Economist publié le 17 août dernier, "Is Germany once again the sick man of Europe ? " [L’Allemagne est-elle à nouveau l’homme malade d’Europe ?], il ne faut pas se réjouir que la France ou l’Allemagne soient malades selon la Directrice de la Fondation Schuman. L’amitié franco-allemande est dans l’intérêt de l’Allemagne, de la France et de l’Europe et les deux pays seront tenus responsables en cas d’échec du dialogue. Pascale Joannin a également cité le fait qu’il n’y avait pas deux pays qui avaient autant d’instruments de collaboration que la France et l’Allemagne. Elle a rajouté qu’il ne fallait pas tout attendre du duo Emmanuel Macron-Olaf Scholz. Les initiatives locales doivent aussi alimenter et faciliter le dialogue, par exemple entre les Länder allemands et les Régions françaises, bien qu’elles n’aient pas les mêmes pouvoirs, ce qu’a regretté Mme Joannin.  

Sur l’élargissement de l’Europe, le journaliste Karl de Meyer a mentionné le groupe d’experts franco-allemand et l’urgence d’y travailler ensemble. Le représentant du Centre Alfred von Oppenheim a abondé en indiquant qu’il y avait des raisons de rester optimistes, même si l’Allemagne et la France n’étaient pas toujours d’accord sur tout. Pour Pascale Joannin, il faudrait d’abord se mettre d’accord sur une stratégie pour l’avenir de l’Europe et se préparer avant d’élargir l’UE, notamment via une discussion sur l’autonomie stratégique. Si les Etats membres s’accordent sur le chemin à emprunter, ils pourront intégrer de nouveaux pays. Ces derniers attendent notamment des réponses quant à la question de savoir quelle protection peut leur offrir l’UE ou l’OTAN. 

Evoquant la possibilité de nouvelles coopérations renforcées en Europe, qui n’associeraient pas la totalité des Etats de l’UE, Jabob Ross estime que la défense et l’armement seraient des sujets appropriés, sur lesquels il faut aller de l’avant. La migration est un autre domaine dans lequel quelques Etats membres pourraient progresser, selon Pascale Joannin.

Enfin, le thème de la culture a été abordé à la suite de la décision allemande de fermer plusieurs Instituts Goethe en France, dont celui de Bordeaux. Le représentant du Centre Alfred von Oppenheim a indiqué que ces fermetures nourrissaient le sentiment que les pays en tant que sociétés s’éloignaient, et que selon lui la France n’était plus fascinée par l’Allemagne, qui n’avait pas non plus le réflexe de se tourner vers la France. Il a néanmoins insisté sur le fait que la relation entre les deux pays devait repartir de la jeunesse et de la société civile, pour recréer de l’enthousiasme. Quant à la Fondation Robert Schuman, sa directrice générale a rappelé qu’un formidable outil culturel reliait toujours les deux pays, en la chaîne de télévision Arte.